Pour que chantent les montagnes de Nguyen Phan Que Mai

Le résumé des Editions CHARLESTON – 24 août 2022 :
Việt Nam, 1972.
Depuis leur refuge dans les montagnes, la petite Hương et sa grandmère Diệu Lan regardent Hà Nội brûler sous le feu des bombardiers américains. Une semaine plus tard, Hương découvre les décombres qui ont remplacé sa maison : la guerre, l’ombre qui a emmené ses parents et ses oncles dans les forêts du Sud, vient de faire une entrée brutale dans sa vie.
Pourtant, malgré la destruction, le quotidien reprend son cours dans la capitale.
Des colonnes de fumée s’élèvent tous les soirs des abris de fortune, les éclats de rire des enfants résonnent et, peu à peu, les vétérans reviennent du front.
Mais, derrière la joie des retrouvailles, Hương entrevoit déjà les sombres souvenirs qui pourraient déchirer sa famille comme les souffrances déchirent sa patrie depuis des décennies…

Je ressentais le titre de ce roman comme un présage de poésie, de douceur (malgré les terribles guerres) et de méditation. Quelle douce phrase que celle que l’auteure a choisie pour parler de sa famille, de ses origines, des combats qui ont opposé le Vietnam et divers pays : Pour que chantent les montagnes

Le roman n’est pas doux.
Il est dramatique et tragique. Il témoignent d’époques dévastatrices, inhumaines, à la limite de l’acceptable. Je retiens une image de cette Histoire : un agent chimique orange pulvérisé sur la forêt détruisant la végétation (pour mettre à découvert les combattants), les animaux et les humains… une guerre aveugle, immonde où toutes les armes sont permises, y compris la bêtise, l’excès de zèle, la soumission irréfléchie, l’enrôlement et l’anéantissement du jugement.

Pourtant, les narratrices principales Huong et sa grand-mère résistent à tous les obstacles, les surmontent, les dépassent pour se construire et se reconstruire. Elles fuient, s’exilent, bâtissent, sont contrées, chassées, piétinées mais, jamais, elles ne baissent les bras.

L’espoir est dans ce récit, puissant, vibrant, captivant.
J’ai frémi parce que ces récits sont basés sur des faits réels. Je suis touchée parce que chaque chapitre présente une facette de la guerre.

La narration est centrée sur Huong et Diệu Lan mais c’est l’histoire de tout un peuple qui défile sous mes yeux : il est blessé et meurtri. Pareil à la noblesse d’esprit de Dieu Lan, la grand-mère, le Vietnam se réunit et dépasse ses blessures. Il prend un nouveau souffle dans la voix de Huong.
La métaphore est remplie d’espérances et d’espoirs…

C’est joli, poétique, doux (aujourd’hui…) mais la mémoire ne faillit pas, elle garde en elle ce traumatisme dont je me souviens lorsque j’étais petite.
Lorsque j’étais à l’école et plus tard aussi, j’avais des camarades originaires du Vietnam. Je me rappelle les peaux tachetées de cicatrices. Les bouches étaient discrètes et parfois closes mais j’ai de vagues souvenirs de jeunes adolescents adoptés qui se révélaient aussi être traumatisés par une horrible guerre dont on ne parlait pas.

Mon évaluation :   
Un roman qui marque… un roman qu’on n’oublie pas… un roman qu’on respecte et qui remplit sa mission : Se souvenir sans haine.

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