Le silence des noyées de Gabriel KATZ

Tous mes remerciements à l’auteur, Gabriel KATZ, aux éditions LE MASQUE et à NetGalley pour cette lecture offerte. J’ai l’immense plaisir de retrouver l’auteur dans un genre nouveau. Je l’ai connu dans la fantasy, avec Le puits des mémoires. Je le retrouve aujourd’hui avec un policier-thriller : a-t-il su me séduire ?

Le résumé des éditions MASQUE – 06 septembre 2023 : Au nord de l’Écosse, quelques heures avant Noël.
Une voiture roule à tombeau ouvert sur une route déserte des Highlands. Au volant, Scott, héritier et mouton noir d’une grande lignée de la noblesse anglaise, se dirige à contre-cœur vers le manoir familial. Au détour d’un virage, une auto-stoppeuse apparaît, seule dans la nuit. La jeune femme, mystérieuse et mutique, sera sa passagère et la première étrangère à passer les fêtes dans cette famille figée dans ses traditions. Très vite, la présence de cette intruse au sein du clan viendra raviver des blessures, des rancœurs et, comme un grain de sable dans les rouages d’une vieille machine, délivrer le lourd secret retenu entre les murs depuis des décennies.

OUI. Sans détour, j’ai adoré le style de l’auteur : son écriture est étonnante, détonante, fascinante ! Un premier bon point pour cette entrée dans le roman. Je m’attendais à une plume narrative, décrivant un meurtre, un crime, une attaque. Je me retrouve embarquée dans les pensées d’un narrateur, pensées somme toutes assez négatives et hostiles à tout un cérémonial qui se répète chaque année. Le narrateur se conforme à un rendez-vous annuel et sacré : la veille et le jour de Noël en famille dans la demeure patriarcale qu’il hait. Autour de lui, des figures connues mais pas forcément aimées : de sa sœur à son oncle, grand-père… et à une femme, une autostoppeuse qu’il impose à cette assemblée. Elle sera le déclic pour ouvrir le sombre passé de cette famille atypique.

Entre ses états d’âmes, une narration en italique qui surprend dès le début (quel lien avec le ton moqueur et acide du narrateur ? Qui est Clara ? Pourquoi Clara ?), narration qui inquiète et qui, elle, donne le ton du thriller.

J’entre dans un huis clos… et surtout dans la tête d’un homme, avec sa moquerie, son ironie sombre, son regard critique sur tout ce qui l’entoure. J’adore ce ton, cette confidence qu’il nous livre.

L’auteur arme sa plume de détails qui m’interpellent et me captivent : un style, des mots, des phrases auxquels mes yeux et mon esprit sont suspendus, intéressés, curieux, à l’affût du détail qui va faire sombrer cette réunion dans le tragique.

Qu’en est-il donc du thriller et du « fameux » silence des noyées ? Pour caractériser ce roman, j’opterai pour un thriller psychologique. Peu d’actions dans cet univers. Le lecteur est plutôt face à des attitudes, des non-dits, des échanges acerbes.

Le dénouement est très rapide., dans une conclusion qui tient la route mais qui nous laisse presque saisi d’effroi.

Pour me combler davantage, j’attendais des petits bonus comme un détail supplémentaire sur l’accident du narrateur.
Et puis… ma curiosité démange aussi au point de vouloir connaître les réactions des membres de cette famille sur le après… mais ce petit plus n’est-il pas hors propos ? Laissons ce « oh » de frayeur nous captiver et laissons notre esprit vagabonder… Car, il faut le reconnaître, le narrateur est acide et fustige ses pairs mais n’est-il pas finalement celui qui a un brin de lucidité et de bon sens ?

Ce roman est un presque coup de coeur. Je l’ai dévoré rapidement. J’ai adoré.
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