Ce roman a un avant et un après : il peut se lire indépendamment des autres histoires (c’est mon expérience) mais il gagnerait certainement à être lu dans une continuité (sûrement…).
Peut-être que j’aurais été plus immergée si j’avais connu l’histoire de Sacha (Autre roman : On n’empêche pas une étoile de briller) et d’autres personnages évoqués dans Une folle envie de liberté.
L’histoire d’Alice se présente sur deux lignes d’intrigue : Alice, enfant et adolescente, puis adulte et la Alice d’aujourd’hui, la cinquantaine, dans une situation personnelle, intime, familiale, maritale et professionnelle précaires.
J’ai trouvé tous les objets, indices, évènements qui ont marqué mon propre passé. Rencontrer Alice née dans le début des années 1970, ça a été retrouver mon enfance et ma jeunesse. Le contexte est riche, entre musiques et lieux : Tonie BEHAR remobilise mes souvenirs et les siens.
Evoquer sa naissance, sa mère célibataire dans un contexte profondément patriarcal, son père amoureux d’une autre (Sacha), son aversion pour sa (demi) sœur (Dora) ont secoué et touché mes émotions.
La stratégie de l’auteure est de susciter ma curiosité et me questionner : comment Alice enfant est devenue Alice, esseulée et solitaire ? Comment l’adolescente rebelle s’est métamorphosée en une adulte mature « coincée » si différente ?
Je ne peux être que conquise par la construction du récit qui est dynamique et bien trouvée . Petit à petit les deux Alice se télescopent et se confondent jusqu’à s’expliquer l’une et l’autre. : il existe une Alice incomprise et une Alice résolue.
Un événement va amorcer sa renaissance : Karim. L’arrivée de Karim dix ans avant et du Karim d’aujourd’hui ne m’a pas pas tout à fait convaincue. A vous de juger…
Ce que j’ai apprécié particulièrement dans ce roman, ce sont les questionnements d’une société passée et des évolutions jusqu’à la société d’aujourd’hui. Je me souviens de m’être questionnée sur le métissage. Tonie BEHAR évoque parfaitement des préjugés et les met en miroir avec ceux plus contemporains. Voilà qui est fort intéressant.
Les situations ne sont pas toutes prévisibles. J’ai senti de la part de l’auteure une volonté de réaliser une narration avec des événements et des situations moins classiques que dans les autres romances : par exemples, les produits éco, la vente d’objets « agréables »… Cependant, ces situations se superposent , arrivant sur le devant de la scène sans qu’il y ait eu une annonce ou une préparation. Cela donne un effet d’artifice à l’ensemble.
Les personnages sont assez remarquables et attachants. Je sens encore que j’aurais gagné à les connaître avant, dans les précédents romans et que j’ai encore beaucoup à apprendre d’eux dans les suivants.
Mon évaluation : ♥ ♥ ♥ 1/2 ♥
Le résumé des éditions CHARLESTON – 17 mai 2023 : La vie d’Alice Lambert est en vrac. Après avoir quitté son mari, sa maison et tous ses repères, elle se voit obligée de s’installer à Paris chez son père, avec qui elle est en conflit depuis toujours. À l’aube de ses cinquante ans, elle doit réinventer sa vie et repartir à zéro, mais ce nouveau défi lui semble insurmontable…
Par les fenêtres de ce grand appartement désert, elle voit le monde tourner sans elle et revisite son passé entre deux verres de whisky : son enfance chez ses grands-parents italiens, son adolescence rock’n’roll, ses blessures familiales mal cicatrisées… Quels choix a-t-elle faits pour en arriver là ?
Mais Alice n’est pas aussi seule qu’elle le croit. Soutenue par la fougueuse sororité des femmes du 19 bis, boulevard Montmartre, elle va enfin oser se lancer dans de nouvelles expériences et peut-être même s’autoriser à vivre l’histoire d’amour qu’elle s’est toujours interdite…
Car dans son cœur palpite une folle envie de liberté.
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